Entre l'année 2002 et 2005 une forte envie me prit d'entreprendre une série d'oeuvres à caractère abstrait. Bien que possédant une formation dite "classique", je n'ai pas pour autant négligé dans ma démarche l'inspiration venant des peintres modernes. À ce sujet, bien qu'ayant suivi de nombreuses inspirations allant de Roberto Matta à celle du groupe Cobra et autres peintres plus ou moins abstraits, j'ai suivi un chemin personnel. Cette manière de faire, en parallèle avec l'apprentissage académique, m'a conduit à des manières insolites de concevoir la composition picturale et les relations qu'entretiennent les formes et les couleurs dans un tableau.
J'ai délaissé l'art abstrait alors que j'avais vingt ans, pour me consacrer au dessin et aux techniques picturales, par la suite j'ai opté pour l'art figuratif et je n'ai découvert véritablement mon style que vers l'âge de 30 ans. Tout ce qui précède, je l'ai considéré et le considère encore comme une période d'apprentissage.
Mais en 2002, il s'est passé une chose insolite dans ma manière de vivre l'envie de peindre. En ce 2002, justement, j'ai été littéralement bombardé par des images chaotiques dans mes rêves. Ces images se présentaient avec une violence étonnante et une régularité telle que je me disais que la seule manière de les "contrôler'', c'était de les peindre. En somme, elles venaient me hanter durant mon sommeil. C'était brutal et enivrant. Je n'ai pas hésité à reprendre le chemin de l'abstraction parallèlement à mon travail figuratif.
À mesure que j'exploitais ce "filon", mes rêves devenais plus tranquilles. Mais une chose commençât alors à me hanter. Qu'allais-je faire, me consacrer en partie à la figuration et en partie à l'abstraction ? Remarquons toutefois que ce qui est resté de ce travail doit plutôt être désigné comme du non-figuratif, car comparé à ce qu'est la pure abstraction, dans ce travail, on reconnaît facilement des formes tirées des plantes et des animaux. Je m'en suis rendu compte après un certain temps : il très difficile de maintenir ces deux voies, l'abstraction et la représentation fidèle des objets que suppose la figuration. Alors comme je voulais m'éviter une sorte de schizophrénie esthétique, je gardais mes travaux à tendance abstraite comme des études.
Au fond, je n'ai suivi qu'une tendance qui étais déjà chez moi, à savoir le dialogue entre les styles, aussi diamétralement opposés soient-ils. Aussi, il y a dans ces études où la couleur et la forme ont une grande liberté, un autre dialogue possible. C'est la rencontre entre la peinture et la musique. La musique se présente comme un art capable d'emporter instantanément l'émotion. En me libérant de la contrainte qu'impose la figuration, la couleur et la forme exprimaient, à leur façon, des rythmes, des saveurs et toute une panoplie de sentiments proches de l'art musical. C'est du moins mon sentiment.
À la suite à ces dernières explications, je vous présente ces œuvres. Elles ont été très peu publiées ou pour le dire plus simplement, je les ai gardées dans un tiroir durant des années. Je me propose de les montrer au grand public. Leur intérêt me semble être, pour prendre une métaphore, une sorte de courroie de transmission. Cela se voit particulièrement lorsqu'on considère mes tableaux qui représentent des oiseaux. La couleur y est pour quelque chose. Aussi, voulant me rapprocher des objets que l'on appelle des artéfacts et que j'ai illustré de biens des manières, sans ces "études abstraites", le résultat n'aurait pas eu la même valeur ou le même impact pour la rétine.